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Trente-six membres du Forum pour le changement démocratique (FDC), un parti d’opposition en Ouganda, ont été inculpés pour terrorisme, lundi 29 juillet, après avoir été expulsés du Kenya voisin, a annoncé à l’AFP l’un de leurs avocats, Erias Lukwago. « Il s’agit d’un abus absurde (…) pour mener une chasse aux sorcières et tourmenter les partisans de l’opposition », a-t-il poursuivi, affirmant que les membres du FDC s’étaient rendus à Kisumu, au Kenya, pour suivre un séminaire de formation.
Dans un communiqué publié un peu plus tôt lundi, la police ougandaise avait annoncé leurs arrestations, affirmant, sans plus de détails, qu’ils « se livraient à des activités secrètes soupçonnées d’être subversives, attirant l’attention des forces de sécurité kényanes », lesquelles les auraient remis le 24 juillet aux autorités ougandaises. Selon Erias Lukwago, le groupe a nié les accusations. Une prochaine audience des trente-six membres du FDC, qui, d’après l’avocat, risquent la prison à vie, est prévue le 13 août.
L’Ouganda est dirigé d’une main de fer depuis 1986 par Yoweri Museveni. Sur une vidéo mise en ligne par le journal Daily Monitor, les membres du FDC, présentés devant le tribunal de grande instance de Nakawa, en banlieue de Kampala, scandent « Nous vaincrons, Museveni partira un jour ».
Sur le réseau social X, l’ancien candidat à la présidentielle et opposant Kizza Besigye, ex-dirigeant du FDC, a dénoncé la « junte » au pouvoir et affirmé que les trente-six inculpés avaient été « illégalement détenus et ramenés furtivement du Kenya ». « Le seul but de cette accusation est de rendre difficile pour les accusés de demander une mise en liberté sous caution, afin qu’ils soient enfermés pendant des mois. L’accusation n’est qu’une extension de la torture physique qu’ils ont endurée jusqu’à présent », a-t-il poursuivi.
The shameless, rogue NRM/M7 Junta went ahead to charge the 36 FDC members, who were illegally detained & sneaked back from Kenya, with TERRORISM this morning!They claim that the 36 people were in Kenya with a purpose of “terrorism training”. Since they were monitoring them,… pic.twitter.com/WE5jcpFDHG
Les autorités ougandaises sont régulièrement critiquées par les organisations de défense des droits humains. En 2021, lors de la dernière élection présidentielle (entachée de fraude selon l’opposition), des manifestations contre une énième arrestation de l’opposant Bobi Wine avaient été violemment réprimées par les forces de l’ordre, faisant au moins 54 morts. « Les autorités ont continué de restreindre sévèrement les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique », avait affirmé en 2023 Amnesty International.
Cette dernière et Human Rights Watch ont appelé à libérer des dizaines de manifestants arrêtés et inculpés pour avoir participé la semaine dernière à des rassemblements anticorruption interdits par les autorités. En Ouganda, pays dont la population est parmi la plus jeune au monde – les trois quarts des habitants ayant moins de 35 ans, selon l’Unicef –, les critiques contre la corruption s’inscrivent dans un contexte difficile pour trouver du travail et pour exercer la liberté d’expression.
Le Monde avec AFP
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